Musée Cantonal de Géologie

Historique du Musée Cantonal de Géologie Lausannois

 

Les musées naissent et vivent des passions de ceux qui les animent. Au Musée de géologie, depuis bientôt deux siècles, des chercheurs fouillent le sol, extraient fossiles et cristaux, les étudient et constituent de remarquables collections qui sont les livres d’histoire d’un passé mystérieux pour le grand public.

La fin du XVIlle siècle et le début du XIXe siècle voyait la disparition progressive des cabinets d’histoire naturelle, dispersant par là les collections particulières. Afin d’éviter ce gâchis le pasteur Daniel Alexandre Chavannes (1765-1846) et son ami l’inspecteur des forêts Charles Lardy (1780- 1858) se battirent pour obtenir les fonds nécessaires à l’achat de ces précieuses collections.

Charles Lardy (1780-1858)

Directeur général des forêts du canton de Vaud, il fonda, avec Daniel Alexandre Chavannes, le Musée cantonal en 1818. Lardy est l’auteur d’un remarquable Essai sur la « constitution géognostique du St Gothard », publié en 1833 et traitant de la minéralogie de cette région.

La première collection fut acquise en 1818 à la suite d’une souscription publique, c’était la collection de minéraux d’Henri Struve (1751-1826), professeur de chimie et de minéralogie à l’Académie et directeur des mines et salines de Bex. Cette acquisition, ainsi que celle de la collection d’aquarelles du peintre Abraham Louis Ducros, fut à la base de la création d’une salle d’exposition à l’Académie, le 27 juillet 1818, encourageant ainsi les passionnés de sciences à donner leurs collections: le Musée cantonal était né.

Cristaux de cuprite, un oxyde naturel de cuivre, anciennement appelé « zigueline », provenant de l’ancienne mine de Chessy près de Lyon. Présentation du XIXe siècle de la morphologie des cristaux.

C’est ainsi que l’illustre Frédéric-César de La Harpe (1754-1838), ancien précepteur du tsar Alexandre Ier de Russie et patriote vaudois fit don de sa belle collection de minéraux au musée. Toujours à la même période, Jean de Charpentier (1786-1855), directeur des mines de Bex donna sa collection au musée. Ce savant, personnage hors du commun, est né en 1786 à Freiberg, en Saxe, dans une ville célèbre à l’époque, pour être à la pointe de la recherche en minéralogie et en technologie minière où il suivit les cours de la célèbre Bergakademie. Il travailla successivement dans les mines de houille de Silésie, dans celles de cuivre des Pyrénées et, en 1813, reprendra la direction de l’exploitation des mines de sel de Bex qui étaient en train de péricliter, En 1841, il publia un ouvrage mémorable consacré aux théories glaciaires.

Jean de Charpentier (1786-1855)

Directeur des mines et salines de Bex, il fit don de sa collection de minéraux et de roches au Musée. Auteur de plusieurs articles traitant de géologie et de glaciologie, il étudia également la cristallographie des cristaux de gypse de Bex et publia ses observations en 1818-1819 dans le « Leonhard’s Taschenbuch für gessammte Mineralogie » à Francfort.

En 1820, le chimiste Samuel Mercanton (1794-1871) reprendra, à la suite de Henri Struve, l’enseignement de la chimie et de la minéralogie à l’Université. Sa belle collection de minéralogie systématique, très bien étiquetée et étudiée, viendra compléter celles du musée. C’est en 1874, sous l’impulsion de Louis Ruchonnet, que le Musée cantonal se réorganisa, le Musée de géologie fut officiellement créé dans l’ancien évêché et les collections séparées thématiquement (zoologie, botanique, géologie).

Mineurs de Freiberg, Saxe, en tenue d’apparat vers le début du XIXe siècle. Le métier de mineur était très respecté à l’époque, les mineurs étaient organisés en troupes paramilitaires ayant le droit de porter les armes. Ces confréries défilaient régulièrement, en particulier lors de la sainte Barbe (le 4 décembre), patronne des mineurs et artificiers. Les deux personnages de droite sont des élèves de la célèbre Bergakademie de Freiberg où l’on enseigne la minéralogie, la géologie, les techniques d’exploitation et de traitement des minerais. Le professeur de chimie et de minéralogie Henri Stuve, le directeur des mines de Bex Jean Charpentier et le directeur général des forêts du canton de Vaud Charles Lardy, suivirent les cours de cette académie. Les mineurs originaires de Meissen, une ville célèbre pour sa porcelaine, située à une trentaine de kilomètres au nord de Freiberg, étaient appelés les Meissner ou Meisser …

 

La création du Musée cantonal encouragea les passionnés de sciences à donner leurs collections.C’est ainsi qu’en géologie, d’illustres vaudois comme Jean de Charpentier, directeur des mines de Bex et Frédéric-César de la Harpe, ancien précepteur du Tsar et patriote vaudois, firent don de leurs belles collections de minéraux au Musée. C’est dès le milieu du XIXe siècle que Philippe de la Harpe, Eugène Renevier et plus tard, Maurice Lugeon commencèrent à réunir les premières collections de paléontologie et surtout la grande collection de géologie régionale. En plein essor à la suite des travaux de Cuvier, Lamarck et Darwin, cette science passionne: on se met à rechercher activement les fossiles afin de percer leurs secrets.

C’est grâce au don d’un noble d’origine russe, Gabriel de Rumine (1841-1871), que le Palais de Rumine fut construit de 1898 à 1905. Ce bâtiment permit aux Musées, Instituts universitaires, Bibliothèque et Sociétés savantes de pouvoir de s’installer sous un même toit. Certains conservateurs du Musée furent également professeurs à l’Université tels Eugène Renevier (1831- 1906), Maurice Lugeon (1870-1953) et Arnold Bersier (1906-1978).

 

La construction du Palais de Rumine au début du siècle permettra l’installation du Musée, des laboratoires universitaires de géologie et minéralogie et leurs bibliothèques spécialisées. C’est là qu’une véritable symbiose s’institua et contribua au développement considérable des collections cantonales et au rayonnement de l’enseignement et de la recherche, enseignement qui a vu accourir à Lausanne les plus grands savants de l’époque.

 

 

Confirmée en 1983 par le Conseil d’Etat et le Grand Conseil, la symbiose entre le Musée et la section des Sciences de la Terre de l’Université de Lausanne s’est concrétisée par le déménagement commun en 1987 et 1988 des deux institutions dans le Bâtiment des Sciences humaines 2 à Dorigny, et la mise en commun de leur bibliothèque. En quelques années, l’Institut de minéralogie s’est équipé d’un matériel analytique puissant, dont bénéficie le Musée au travers de travaux de recherche communs et de l’analyse des échantillons des collections. Au sein de cette symbiose recherche scientifique-musée, le Musée de géologie, tourné vers le public, apparaît plus que jamais comme un pont entre les chercheurs et le grand public.

 

L’administration du Musée, les ateliers, les laboratoires, les collections et les archives se situent dans le Bâtiment de la Faculté des Sciences Humaines 2 (BFSH-2) sur le campus universitaire de Dorigny, près de Lausanne.

 

Les surfaces du Musée Arlaud, ont été, dés 1997, mises périodiquement à disposition du Musée de géologie pour la présentation d’expositions temporaires.Afin de soutenir les activités du Musée et de promouvoir les sciences de la Terre en suisse Romande, l’Association des Amis du Musée de Géologie de Lausanne (AMGL) a été créée en 1996.

 

Par Nicolas Meisser, conservateur

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