Groenland

Les géologues, géophysiciens et climatologues de l’Université de Lausanne dans le cadre des recherches polaires.

Texte d’Aymon Baud* avec l’aide d’Arthur Escher et Hugo Bucher *FGSE, ISTE, Geopolis – 4438, Université de Lausanne

Dans le domaine des Sciences de la Terre et du climat, les recherches de l’Université de Lausanne dans les régions polaires débutent en 1908, date à laquelle un professeur de cette université, Frédéric Jaccard, se rend au Spitzberg. Ses recherches portent sur la paléontologie et il note également l’évolution des glaciers. Puis pendant plus de cinquante ans, de 1910 à 1963, la glaciologie et la climatologie des régions polaires, du Spitzberg au Groenland et à l’île de Jan Mayen, vont être parmi les sujets d’étude d’un autre professeur de Lausanne, Paul-Louis Mercanton, et dès 1929, d’un de ses élèves, Andé Renaud. Ces recherches trouveront leur apothéose dans le programme des expéditions glaciologiques internationales au Groenland de 1957 à 1960.

Quant à la cartographie des terrains sédimentaires et métamorphiques du Groenland, elle débute dès 1932 avec le géologue danois Lauge Koch qui, pendant près de trente ans, va diriger des équipes internationales, auxquelles participeront 74 géologues suisses, dont Rudolf Trümpy qui enseigna à Lausanne de 1948 à 1953. Ce n’est qu’en 1956 que le premier géologue de l’Université de Lausanne va participer à cette cartographie, suivi au cours des années suivantes par cinq autres, qui soutiendront tous leur thèse dans cette université. Après les grandes phases d’exploration et de cartographie du Groenland, ce sont deux géologues ayant fait leurs études à Lausanne, Arthur Escher dès 1964 puis son frère Jan, dès 1975, qui vont contribuer, dans le Centre de recherche sur le Groenland à Copenhague, aux grandes synthèses sur la géologie de cette région polaire. Impliqué dans la recherche minière, Guy Della Valle, diplômé de Lausanne sera engagé dès 1975 dans la prospection au Sud du Groenland qu’il ne cessera de parcourir jusqu’en 2013, avec plus de 20 expéditions à son actif. Par la suite, deux autres géologues formés à Lausanne participeront aux recherches polaires dans les domaines de la paléoclimatologie, de la paléontologie et de l’étude de la grande extinction à la fin de l’Ere primaire, aussi bien au Groenland, que dans les îles Ellesmere et Axel Heiberg du Grand-Nord canadien ainsi qu’au Spitzberg d’où une expédition vient de rentrer (2020).

C’est déjà durant l’été 1908 que le professeur de Paléontologie de l’Université de Lausanne, Frédéric Jaccard, se rend au Spitzberg où il échantillonne les grès à lignites du Miocène et fait remarquer, dans une séance de la Société Vaudoise des Sciences Naturelles (SVSN), le recul très prononcé du glacier de la pointe du Renard dans la baie de Belsound (Jaccard, 1909).

Mais les premières recherches suisses importantes en glaciologie et climatologie débutent en 1909 au Groenland avec Alfred de Quervain et sont relatées dans le journal illustré « la Patrie Suisse n° 431 ».  Alfred de Quervain, glaciologue et climatologue bernois, bourgeois de Corsier, emmène une première expédition en 1909, qui a un but exploratoire, avec notamment le Dr Arnold Heim, un géologue suisse bien connu de Zurich. Les accompagnent le Dr Emile Baeber, enseignant à Zurich, et le météorologiste Stolberg de Strasbourg. Partis le 1er avril 1909 de Copenhague, ils sont le 16 devant les côtes du Groenland et atteignent Umanak dans le courant de juin. Ils partent le 3 juillet pour une exploration de la côte puis de l’inlandsis jusqu’à 100km vers l’ouest et 1700m d’altitude et reviennent le 2 août à la côte. Le retour se fait avec le Dr Cook sur son fameux bateau d’exploration du pôle.

Les trois Suisses à Ikeralak
Dr. A. de Quervain
Le Dr Cook et ses compagnons de voyage

Un autre professeur lausannois entreprend des recherches dans les régions polaires, c’est Paul-Louis Mercanton qui enseigne les mesures électriques et le magnétisme à l’Ecole d’Ingénieurs.

Il travaille également sur la météorologie et l’étude des glaciers, et poursuit dans ce domaine l’enseignement du Professeur lausannois F.A. Forel, qui fut l’initiateur en 1895 de la commission internationale pour l’étude des glaciers. À la suite de son collègue Frédéric Jaccard, Paul-Louis Mercanton a la possibilité de se rendre en août 1910 au Spitzberg pour y étudier l’extension des glaciers et présentera ses recherches à la SVSN.

Deux ans plus tard, en 1912, il est appelé à participer à la deuxième expédition d’Alfred de Quervain au Groenland dont le récit est détaillé dans la «Patrie Suisse n° 501 ». Ils sont accompagnés par les ingénieurs zurichois R. Fick et K. Gaule, les météorologistes W. Jost de Berne et A. Stolberg de Strasbourg, ainsi que par le médecin H. Hoessli de Bâle. Partis le 2 avril 1912 de Copenhague, ils arrivent le 27 avril à Sisimiut sur la côte ouest et partent en juin du fond de la baie de Disco à un point nommé « Port Quervain » où l’équipe Mercanton organisera toutes ses explorations. C’est aussi le point de départ pour l’équipe de Quervain qui atteint le 12 juillet l’altitude de 2505m sur le point culminant de l’inlandsis à près de 300 km de la côte. A leur retour ils découvrent une chaîne de montagne (nunatak) qu’ils baptisent «Schweizerland» et donnent au plus haut sommet (2760 m.) le nom de « Mont Forel » en hommage au savant vaudois qui décède à Morges, juste avant leur retour!

Portrait du professeur Paul-Louis Mercanton
Les participants de l’expédition suisse au Groenland en 1912

Centrées sur le climat, sur l’inlandsis et le recul de ses glaciers, ces deux expéditions suisses sont pionnières (Mercanton, 1916). Elles serviront plus tard de base à l’étude actuelle du réchauffement climatique et seront publiées en 1925 par de Quervain & Mercanton.

La chaîne de montagne du Schweizerland avec au centre le Mont Forel

En 1921 le professeur Mercanton, qui enseigne depuis 1920 la géophysique et la topographie d’exploration à la Faculté des Sciences de l’Université de Lausanne, entreprend une expédition sur l’île de Jan Mayen au nord de l’Islande et y réussit, à la suite de ses relevés sur les glaciers, la première ascension du Beerenberg, en compagnie de J.-M.Wordie. Il publie l’année suivante le système glaciaire de cette île (Mercanton, 1923) et il y prélève également des laves, comme il l’avait fait précédemment au Spitzberg (1910) et au Groenland dans le but d’étudier le magnétisme terrestre enregistré dans celles-ci.

Le volcan du Beerenberg gravi par Mercanton sur l’île de Jan Mayen

Ses observations mirent en évidence des anomalies avec des inversions du champ magnétique terrestre. Mercanton (1926) fut le premier à proposer que le magnétisme pourrait corroborer la théorie de la dérive des continents et permettre de déterminer leur déplacement. Il plaida en vain de poursuivre de telles études auprès de l’Union internationale de géodésie et géophysique. Ce ne fut que trois décennies plus tard que son hypothèse fut confirmée comme le relate Le Grand en 1989.

C’est à bord du « Pourquoi Pas », navire de Charcot, qu’en 1929 et en 1931, le professeur Mercanton se rend à nouveau au Groenland et à l’île Jan Mayen accompagné en 1929 du jeune André Renaud licencié ès sciences de la Faculté de Lausanne. Ils font, entre autres, des mesures géodésiques de l’altitude du Beerenberg et ils y prélèvent à nouveau des basaltes, ainsi qu’au Groenland, pour la suite de l’étude du magnétisme enregistré (Mercanton, 1931-1932).

Portrait de J.B. Charcot et son fameux navire le Pourquoi-Pas au Groenland sur un timbre postal.
André Renaud

Pendant plus de 25 ans, les travaux effectués en glaciologie et météorologie polaires seront suivis par Paul-Louis Mercanton et par André Renaud. Puis, en 1956, les glaciologues et climatologues suisses reviennent en force dans le cadre des expéditions glaciologiques internationales au Groenland de 1957 à 1961 avec les Professeurs R. Haefeli de Zurich, H. Oeschger de Berne et A. Renaud de Lausanne, relaté dans Renaud (1958), avec les publications sur les études physiques et chimiques de la glace de l’inlandsis du Groenland (Renaud, 1959, Renaud et al., 1963). L’ lnlandsis, comme les glaciers alpins, est un climatoscope très sensible, susceptible toutefois de nous livrer, après une nouvelle étude, des renseignements d’un puissant intérêt paléoclimatique. C’est cette recherche plus précise que se propose « l’Expedition Glaciologique Internationale au Groenland » (Renaud, 1958).

Ce n’est que dans la deuxième partie du 20ème siècle que les géologues lausannois viendront s’impliquer en force dans les recherches polaires au Groenland et leurs études seront centrées sur l’analyse et sur la compréhension de la couverture rocheuse qui entoure l’inlandsis et ses glaciers. Mais, dès 1932, ce sont les géologues suisses formés à Zurich, Bâle et Berne qui seront les premiers, très concernés par la cartographie de cette couverture rocheuse du Groenland, sous la direction du géologue danois Lauge Koch.

C’est d’abord Eugen Wegmann, de Schaffhouse, qui travaille en Scandinavie et deviendra professeur en 1940 à l’Université de Neuchâtel, qui participe au programme de recherche du Dr Lauge Koch, l’un des meilleurs connaisseurs de la géologie du Groenland. Il a besoin de géologues bons cartographes et grâce à Wegmann, de nombreux géologues suisses, en particulier de la région de Schaffhouse et des élèves du professeur Paul Niggli de Berne, seront invités, de 1932 à 1938, à participer à l’exploration, d’abord de la partie NE du Groenland. Wegmann passe l’été en exploration avec Lauge Koch puis reste durant l’hiver 1932-1933 sur l’île d’Ella. En été 1933, le géologue Heinrich Bütler de Schaffhouse, spécialiste du Dévonien, le rejoint et il passe l’hiver entre 1933 et 1934 toujours sur l’île d’Ella.

Lauge Koch, chef d’expédition
Lauge Koch, chef d’expédition
Eugène Wegmann
Le Gustav Holmes

Wegmann et Lauge Koch préparent une grande expédition pour l’été 1934 à laquelle vont se joindre de jeunes assistants qui viennent de terminer leur doctorat en géologie, soit René Masson à Berne et Augusto Gansser à Zurich. Ce dernier relate cette expédition dans le livre dédié à sa femme « La moglie di un Geologo » (Gansser, 2000). Il est aussi à noter qu’en 1936 Arnold Heim, pionnier du Groenland, retrouve Augusto Gansser pour la grande expédition géologique suisse en Himalaya.

Au fond du Fjord, dessin d’Augusto Gansser en 1934, in Gansser, 2000.

En 1936 Lauge Koch lance une nouvelle mission de deux ans avec hivernage à laquelle vont participer plusieurs jeunes géologues suisses toujours avec Wegmann et Bütler. Il s’agit de Hans Peter Schaub et Andreas Vischer de Bâle, de Hans Stauber de Zurich et Wolf Maync de Berne qui vont passer l’hiver sur l’île d’Ella.

En 1937 viennent deux nouveaux géologues suisses, Hans Hübscher de Schaffhouse et Karl Kleiber de Winterthour, qui vont passer l’hiver de 1937 à 1938 et sont rejoints en été 1938 par le volcanologue Alfred Rittmann de Bâle.

La station météorologique et lieu d’hivernage de l’île d’Ella au fond du Fjord King Oscar. (Illustrations tirées de : Schaffhauser in Grönland de Susi Demmerle, 2017: http://www.ngsh.ch/customer/files/372/Schaffhauser-in-Groenland_final_red2.pdf)

Bütler est rejoint par A. Mittelholser de Rothrist en 1938 et tous deux passent l’hiver à Eskimonäs de 1938-1939 avec un assistant de Schaffhouse, Peter Bachmann.
Quant à Wegmann, il va effectuer toute l’exploration du sud et sud-ouest du Groenland avec Lauge Koch. Une grande partie des résultats seront publiés en allemand dans les comptes-rendus de la Société des Sciences naturelles de Schaffhouse soit les « Mitteilungen der Naturforschenden Gesellschaft Schaffhausen, Volume 16, 1940) » ainsi que par le Service géologique du Danemark dans les «Meddelelser om Gronland».

C’est après la guerre, en 1946, qu’est fondé le Service géologique du Groenland basé à Copenhague sous le sigle GGU.

Batiment du Service géologique du Groenland basé à Copenhague

Dès 1948, ce sont les géologues suisses Heinrich Bütler et Hans Stauber qui vont poursuivre les recherches au Groenland après la guerre, toujours avec Lauge Koch. Hans Stauber y fait la découverte de gisements métallifères surtout de plomb à Mesters Vig ( Kong Oscars Fjord), gisements qui seront exploités dès 1956.

En 1949, Emil Witzig de Schaffhouse se joint à la mission de Lauge Koch avec un photographe de Zurich, Othmar Schaffner. Il va passer l’hiver et poursuit ses études en 1950 puis en été 1951. Durant les étés 1952 et 1953 il retourne avec Bütler, qui, quant à lui, poursuit, comme seul géologue suisse, ses recherches en 1954. Mais en 1956 il emmène avec lui comme assistant un jeune géologue de Schaffhouse : le Dr Hans Früh.

Centrées sur les relevés stratigraphiques, la tectonique et la cartographie, les explorations menées par Lauge Koch vont permettre une connaissance approfondie de la géologie du Groenland. Comme l’explique F. Heinis (1956), la participation des géologues suisses (près de 74 !) aux expéditions ne fut possible que grâce à l’hospitalité généreuse du gouvernement danois et aux larges avances du chef de l’expédition, le Dr Lauge Koch.

Les premiers pas dans la carrière académique de Rudolf Trümpy se font à l’Institut de Géologie de l’Université de Lausanne comme chef de travaux de 1948 à 1953. Appelé comme professeur en 1954 à l’Ecole Polytechnique de Zurich (EPFZ) il s’engage, avec trois assistants, en 1958 comme participant aux recherches de terrain emmenées par Lauge Koch dans l’étude des successions sédimentaires du passage de l’ère primaire à l’ère secondaire sur la côte Est du Groenland, dans la région de Scoresby Sund. C’est sur les traces d’un autre géologue suisse, Hans Stauber qui a participé de 1936 à 1938 avec 2 hivernages aux expéditions de Lauge Koch et qui a publié une synthèse sur les dépôts du Trias de la côte Est du Groenland (Stauber, 1942). La cartographie de ces terrains sédimentaires est l’œuvre des assistants doctorants, Kurt Grasmück et M. Aellen de Zurich et de Jean Putallaz de Fribourg. En 1967, Trümpy a l’occasion de retourner dans la même région où il participe avec Kummel et Teichert à la poursuite des recherches paléontologiques sur le début du Trias. Séparément, chacun d’entre eux pu- bliera des données nouvelles sur les dépôts du Trias de cette côte Est du Groenland. (Trümpy, 1960, 1969; Grasmück & Trümpy, 1969).

Le professeur de géologie Rudolf Trümpy et la couverture de la publication de 1969.

A noter que cette orientation dans la stratigraphie détaillée du début de l’Ere secondaire des régions polaires sera non seulement suivie par deux futurs chercheurs de Lausanne, mais étendue à la paléoclimatologie de cette époque et l’étude de la plus grande extinction de l’histoire de la vie. Ce sont le sous-signé (Aymon Baud) qui a fait sa carrière au Musée de géologie de Lausanne, et Hugo Bucher, qui après sa thèse en paléontologie à l’Université de Lausanne, poursuit sa carrière comme professeur de paléontologie à l’Université de Zurich et à l’EPFZ.

Eugen Wegmann, professeur à Neuchâtel depuis 1940, continue à suivre les travaux qui se font au Groenland et diffuse auprès de ses collègues des Instituts de Géologie de Suisse romande la forte demande de chercheurs pour la cartographie géologique réalisée sous l’égide du Danemark. Il en fait part à son collègue Héli Badoux, nommé en 1950 professeur extaordinaire à l’Institut de Géologie de l’Université de Lausanne. Celui-ci transmet cette ouverture à la recherche financée par le Danemark à son assistant qui vient de passer son doctorat, Marcel Burri. Celui-ci va être le premier des géologues lausannois qui, à la suite des professeurs Frédéric Jaccard et Paul-Louis Mercanton, va entreprendre des recherches dans les régions polaires faites à l’Université de Lausanne, cette fois sur le Groenland.

Ce début est conté par Marcel Burri dans deux récits qu’il a confié à ses amis et qui portent les titres « Un géologue se souvient. Au Groenland il y a un demi-siècle » et «Souvenirs».

Cahier souvenir de Marcel Burri, 2016
Professeur Marcel Burri

Marcel Burri fut le premier géologue lausannois à travailler pour le GGU au Groenland, tout d’abord au sud-ouest pendant les saisons d’été 1956-57 et 1959. Et plus tard, en 1964, avec Arthur Escher dans la région de la Baie de Disko au centre ouest du Groenland. Marcel Burri a eu le grand mérite d’ouvrir la voie pour de nombreux géologues de Lausanne et de Neuchâtel, dont certains feront leur travail de doctorat sur les problèmes de tectoniques superposées des affleurements du sud et de l’ouest du Groenland. En été 1956 Marcel Burri est le seul géologue qui vient de l’Université de Lausanne et il est appelé à cartographier les terrains de la région d’Ivigtut (Ivittuut) au sud-ouest du Groenland.

La localité d’ d’Ivigtut (Ivittuut) au sud de laquelle Marcel Burri débute sa cartographie géologique.

En 1957, il est rejoint par des doctorants lausannois Steve Ayrton, Marc Weidmann, Luc-Fran- çois Bonnard ainsi que Claude Froidevaux et Jacques Muller de l’Université de Neuchâtel, pour la cartographie d’une vaste région au nord-ouest d’Ivigtut. Dans ses souvenirs, Marcel Burri raconte la vie de camp avec ses quatre camarades lausannois (Burri, 2016).

En 1958, Steve Ayrton et Marc Weidmann retournent sur la rive nord du fjord de Tiggsalup Ilua avec Luc Bonnard pour terminer leurs travaux de cartographie, qui leur permettra de préparer chacun leur mémoire de thèse.

Marc Weidmann (en haut), Steve Ayrton et leur terrain de Géologie au NW d’ d’Ivigtut

En 1959, Marcel Burri retourne avec Steve Ayrton pour la cartographie des îles à 50 km au sud de d’Ivigtut, accompagné d’une nouvelle équipe d’une trentaine de géologues. Nommé Chef de travaux à l’Institut de Géologie en 1957, Marcel Burri devient chargé de cours en 1963, et sera promu professeur extraordinaire en 1968 (en géologie et paléontologie) puis professeur ordinaire en 1978. En 1989, pour ses 60 ans, il raconte le retour émouvant sur son terrain d’Ivigtut.

Le 22 juillet 1960, Steve Ayrton et Marc Weidmann défendent chacun leur thèse sur les études faites dans leurs régions, respectivement Ivigut et Tigssaluk fjord,  au sud-ouest du Groenland. Le 20 juillet 1961, Luc Bonnard présente sa thèse. Celles-ci seront publiées quelques années plus tard (Ayrton, 1963; Weidmann , 1964; Bonnard, 1971).

Steve Ayrton sera nommé privat-docent de minéralogie spéciale de 1966 à 1970, professeur extraordinaire de minéralogie-pétrographie de 1970 à 1978 et professeur ordinaire de 1978 à 1990. Marc Weidmann sera assistant de recherche en paléontologie puis, dès 1968, chargé de cours en micro-paléontologie. Il succède au professeur Arnold Bersier à la tête du Musée cantonal de Géologie en 1969. Quant à Luc Bonnard, il poursuivra sa carrière sur l’étude des sols à la Station fédérale d’essai agronomique près de Zurich.

Il n’y a pas de Lausannois sur le terrain en 1960, mais c’est en 1961 qu’Arthur Escher débute ses travaux au Groenland. En 1962, il poursuit ses études dans la région de Nanorlik au sud du Groenland, alors que de Neuchâtel revient Jacques Muller accompagné d’un jeune assistant, Francis Persoz. Paul Buttet, diplômé en 1961, quant à lui, il commence une étude doctorale au sud-ouest du Groenland en 1962, mais après deux saisons de terrain, il l’abandonnera en 1964. Par contre, Arthur Escher retourne au Groenland en 1963 et il présente le 18 mars 1964 à Lausanne, sa thèse sur la région de Nanorlik au sud du Groenland (Escher, 1966).

Arthur Escher et les hélicoptères du GGU dans la région de Nanorlik au sud du Groenland

Durant l’été 1964, il retourne sur la côte ouest dans la baie de Disko, accompagné de Marcel Burri, comme le raconte ce dernier dans son récit de 2016.

Un des bateau du GGU dans la baie de Disko.
Vue de la baie de Disko (Google Earth)

Arthur Escher sera engagé dès 1964 à plein temps par le GGU et par l’Université de Copenhague, jusqu’en 1975. Après ses années fructueuses avec des publications très importantes au service géologique du Danemark, Arthur Escher est appelé à l’Institut de Géologie de Lausanne en 1975 comme professeur extraordinaire de géologie alpine et devient professeur ordinaire en 1978.

C’est en 1964 que le nouveau diplômé Henri Masson a l’opportunité d’entreprendre sa thèse sur le complexe migmatitique d’Isorssua, près de Frederikshab, au Sud-ouest du Groenland et il va passer trois étés, de 1964 à 1966, pour y faire ses recherches.

Henri Masson présente sa thèse le 10 juillet 1970 et participera à la publication de plusieurs articles sur le Groenland. Chargé de cours en 1968, il est nommé privat-docent à l’Institut de Géologie en 1971, puis, de professeur assistant, il devient professeur ordinaire en 1979.

Henri Masson et son terrain d’étude près de Frederikshab, au Sud-ouest du Groenland.

A l’Université de Bâle, le Dr Albrecht Steck a l’occasion d’effectuer deux missions de terrain dans la région du Scoresby Sund en 1967-68 et présente son habilitation en 1969 sur le métamorphisme calédonien de cette région. Il est engagé à l’Institut de Minéralogie de Lausanne comme professeur assistant en 1970 et deviendra professeur ordinaire en 1978.

Albrecht Steck et son terrain d’étude dans la région du Scoresby Sund au Sud-est du Groenland.

C’est dans cette région du Scoresby Sund que Laurent Jemelin, nouveau diplômé, débute en 1970 sa thèse sur la région autour de Rolige-Brae, à la bordure occidentale de la zone orogénique calédonienne. Pour sa première saison, il est accompagné par un autre assistant, Peter Homewood. C’est en 1972 qu’il y effectue sa seconde saison sur le terrain. Laurent Jemelin soutiendra sa thèse avec succès le 13 juillet 1979.

Le frère cadet d’Arthur Escher, Jan Escher qui termine son diplôme de géologie à Lausanne en 1968, ira travailler pour le Service géologique du Groenland. Il y effectue sa thèse de doctorat en 1971, il y est engagé à plein temps dès 1975 et sera chargé des travaux de synthèse.

En plus de l’élaboration de leurs thèses de doctorat, les géologues lausannois vont participer à de nombreuses publications sur la géologie du Groenland. Ils vont également contribuer, directement ou indirectement, aux publications de synthèse suivantes:

  1. -1970. Première carte géologique générale du Groenland à l’échelle 1 :2 500 000. (Tectonic/Geological Map of Greenland, A.Escher, N. Henriksen, P. Dawes & A. Weidick).
  2. -1976. Geology of Greenland, Arthur Escher et W. Stuart Watt éditors, 603 pp. Ce livre contient les contributions de 19 auteurs et traite de tous les aspects de la géologie et glaciologie du Groenland.
  3. -1995. Nouvelle carte géologique générale du Groenland à l’échelle 1 :2 500 000. Compilation par Jan Escher, Niels Henriksen et Chris Pulvertaft. Cette carte montre en plus les interprétations des données offshore ainsi que des mesures aeromagnétiques sous l’inlandsis.
Traité sur la géologie du Groenland édité part Escher et Watts en 1976
Carte géologique du Groenland, cartographie à laquelle au moins 8 géologues de Lausanne ont participé.

Il est probable que les travaux de terrain que les jeunes géologues lausannois ont pu entreprendre au Groenland et la solidarité née d’aventures communes ou semblables ont favorisé la promotion et le renouvellement attendu du corps professoral des Instituts de Géologie et de Minéralogie de la Faculté des Sciences de l’Université de Lausanne à la fin des années 1970.

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Parmi les jeunes diplômés formés à Lausanne, c’est Guy Della Valle, qui va être celui qui participera, de 1975 à 2013, au plus grand nombre d’expéditions au Groenland. Soit plus d’une vingtaine, dont dix sur la côte ouest, huit sur la côte est et deux dans le grand-nord, au Peary Land. Attiré par l’Arctique de longue date, d’abord par ses lectures des explorations polaires, dont la première traversée de l’islandsis au Groenland par Fidjof Nansen, ou les récits de Paul Emile Victor, les diapositives du Groenland, utilisées comme support de cours par les professeurs Mar- cel Burri et Steve Ayrton l’ont confirmé dans cette vocation. Cependant, venant après Laurent Jemelin, il a été le seul candidat de Lausanne, proposé comme doctorant par Marcel Burri à avoir été refusé, cela dû à une malheureuse interruption temporaire des expéditions du programme de cartographie du Service Géologique du Groenland (GGU).

Carte du Groenland avec l’emplacement des localités explorées par Guy Della Valle,

Un brevet de guide de montagne dans la poche, et grâce à un heureux concours de circonstance, il trouve un premier emploi, après son diplôme de géologue, à la mine de Black Angel, en 1975. Il va y enchaîner les saisons de terrain en 1976, 1977 et 1979, et y retourner à intervalles irréguliers jusqu’en 2007. Cette mine de Black Angel, située dans le district d’Umanak, côte ouest du Groenland, doit son nom à la forme d’ange dessinée par les schistes noirs, replissés dans les marbres blancs.

À gauche, Guy Della Valle et Florian Strauss (également géologue et guide de montagne de Lau- sanne) qui vont travailler en 2007 dans la concession de la mine de Black Angel. Au milieu la cabine qui permet d’accéder à la mine de Black Angel et à droite la couverture du Bulletin du GEUS.

Par la suite, les expéditions de Guy Della Valle vont être mandatées essentiellement par des compagnies d’exploration minière canadiennes et danoises, et occasionnellement par un bureau de géologie suisse, ou par sa propre compagnie, Nunatak Exploration, inscrite au registre du Commerce depuis 2008. En 1987, c’est pour ses qualités de grimpeur qu’il est engagé pour effectuer un échantillonnage de contenu en terres rares, ceci en falaise verticale dans l’intrusion alcaline d’Illimaussaq au sud-ouest du Groenland. En 1988 et 1989 il travaille à la recherche d’indices de platine et d’or dans l’intrusions de gabbro de Skaergaard et Kap Edward Holms, cette fois sur la côte est du Groenland. Deux géologues lausannois ont pu le rejoindre temporairement, R.Tito Haarpaintner et Jean Savary. L’intrusion rubanée de gabbro du Skaergaard est un haut lieu de la géologie, où les observations de Bowen lui ont permis de définir sa loi de cristallisation fractionnée des roches magmatiques, ou série de réactions de Bowen. Et c’est en septembre 1989 qu’il retourne à Ivigtut sur la côte ouest, où il a rendez-vous avec Christian Bugnon, diplômé de Lausanne, pour évaluer les réserves potentielles en cryolite, et ensuite échantillonner les granites bleus à sodalite dans le cadre d’une étude régionale de roches ornementales. Il y retrouve également Marcel Burri qui est venu en pélerinage sur le terrain des ses premiers pas au Groenland à l’occasion de ses 60 ans, comme Marcel le raconte dans son album «Souvenirs». En 1990, Guy Della Valle poursuit à Nugssuaq, -au nord des régions déjà étudiées de la côte ouest, -ses recherches pour le plomb et le zinc, avec l’aide de deux jeunes géologues de Lausanne, Pierrick Danton et François Menthonnex.

1991 est ensuite une année chargée, puisqu’il entreprend d’abord avec Christian Bugnon, la suite d’une reconnaissance pour les roches ornementales au sud-ouest du Groenland, autour de Narsaq. Ensuite il se rend sur la côte est afin de poursuivre son programme de reconnaissance pour le platine dans la région de Kap Edward Holms et le nickel dans la région de Nansen Fjord.

En avril 1993, c’est par des conditions hivernales permettant de circuler en sécurité sur la glace des fjords, qu’il a participé à l’exploration très aventureuse des ressources minières dans le Peary Land, qui se trouve à l’extrême nord, et à la découverte de dépôts de sulfures massifs de plomb et de zinc de Citronen Fjord. Un bulletin du Service géologique de Groenland sera publié à la suite de cette exploration (voir illustration ci-dessus).

En 1995 il s’intéresse aux indices de nickel et d’or au sud-ouest du Groenland, jusqu’à Kap Farwell. En 1996 aux indices d’or d’origine volcanique tertiaires de Kap Simpson, centre-est du Groenland.En 1997 il s’engage dans de nouvelles recherches pour l’exploration du diamant sur toute la partie sud-ouest du Groenland, dans l’Archean entre Sondre Sromfjord et Ivigtut.

En 1998 c’est plus au nord, dans le Washington Land qu’il étudie les indices de zinc encaissé dans des carbonates. L’accès à Washington Land, par bateau au milieu des glaces, depuis l’ancienne base américaine de Thulé, entre l’île d’Ellesmere au Canada et le nord-ouest du Groenland, dans le Kennedy Channel, donnait une idée impressionnante des difficultés à surmonter par les premiers explorateurs à la voile. La campagne a d’ailleurs été écourtée par le capitaine qui ne voulait pas que son bateau soit pris dans les glaces jusqu’à la fin de l’été de l’année suivante !

En 1999 il poursuit recherches d’exploration du diamant dans la région de Skjoldungen, avec R. Tito Haarpaintner, cette fois sur la côte est du Groenland. En 2000, c’est avec Mario Sartori, autre ancien diplômé de Lausanne, qu’il est mandaté pour l’étude structurale et la cartographie des marbres de la concession de Black Angel.

Ses recherches au Groenland reprendront en 2006 et 2007 et il retourne dans la région minière de Black Angel près d’Umanak, pour une nouvelle compagnie (voir illustration).

Cairn construit par Robert Peary en 1892 lors de sa quête pour le pôle Nord, redé- couvert par Guy Della Valle et ses col- lègues en 2012 à l’extrémité d’Indepen- dance Fjord, porte du Peary Land ainsi dénommé en mémoire de Robert Peary.

De 2008 à 2012 divers programmes d’exploration pour le fer et l’or se déroulent dans la région de la Baie de Disko, sur la côte ouest du Groenland, pour le molybdène à Flammejfeld, à côté du Skaergaard, sur la côte est du Groenland, et pour le cuivre dans la région de Kronprins Christian Land, au nord-est du Groenland, en passant par le Spitzberg. En 2009 un programme d’échantillonnage et de forage pour les terres rares dans le complexe de carbonatite de Safartoq, au sud-ouest du Groenland, à côté de l’aéroport de Sondre Stromfjord, a abouti à la décou- verte du gisement de Safartoq. Enfin, en 2013, sa dernière mission s’est effectuée à Jameson Land, sur la côte est du Groenland, pour des recherches de cuivre. Ses recherches n’ont pas donné lieu à des publications, mais à de nombreux rapports d’exploration, actuellement disponibles dans les archives du Service géologique du Groenland à Copenhague.

Christian Bugnon, quant à lui, travaille depuis 9 ans en géologie appliquée et en 1988, le bureau Schindler où il travaille, initie la prospection de roches ornementales au Groenland et fait une demande de concession en association avec Guy Della Valle qui travaille déjà sur place. En 1989, Christian prend rendez-vous avec Guy Della Valle et ils prospectent ensemble la région d’Ivigtut, puis il continue seul dans la région de Nanortalik. En 1990, Christian fait faire quelques forages carottés par Antoine Burri qui utilise une foreuse à main prêtée par le laboratoire de géologie de Lausanne sur une des localités choi- sies en 1989. Puis, comme le Service géologique du Groenland lance et finance un grand projet pour cette recherche, il est invité en 1990, comme expert suisse, à la poursuite de l’exploration et avec ses collègues danois il va parcourir toute la région entre Ilulissat et Tassiussak.

Christan Bugnon à côté de son canot d’exploration des côtes près de Narsaq.

Pour terminer le travail sur deux communes manquantes, il retourne en 1991 dans la région de Fiskenaesset au sud-ouest du Groenland puis à Ummannaq plus au nord et un premier rapport est publié au Service géologique. Les résultats finaux sont donnés dans un volume (Open File) du Service géologique du Groenland.

Durant les étés 1992 et 1994, le soussigné (Aymon Baud) est invité par le Service géologique du Canada à des relevés stratigraphiques sur le passage Permien-Trias des îles Ellesmere et Axel Heiberg du Grand-Nord canadien. Il aura l’occasion de présenter ses résultats lors de plusieurs congrès et participera à plusieurs publications sur la stratigraphie et la paléontologie du Haut-Arctique canadien liées à la grande extinction (Baud et al., 2008, 2014;  Beauchamp & Baud, 2001; Henderson & Baud, 1997) et d’importantes collections seront déposées au Musée géologique de Lausanne dont il fut le directeur jusqu’à sa retraite en 2003.

L’auteur avec Benoit Beauchamp et Charles Henderson au camp d’Oto Fjord, île d’Ellesmere, 1941.
Camp d’Oto Fjord île d’Ellesmere, 1941

Hugo Bucher est un autre géologue formé à Lausanne de 1982 à 1990 par l’ensemble des professeurs qui ont débuté leur carrière au Groenland. Mais avant le début de ses études, il a déjà l’occasion de se rendre au Spitzberg en 1979 pour une étude des vertébrés marins du Trias inférieur avec son collègue français Mazin. Et c’est après sa formation et son doctorat en paléontologie à la Faculté des Sciences de l’Université de Lausanne le 23 nov. 1990, son stage post-doc à Vancouver et cinq années à l’University de Lyon1, qu’il succède à Hans Rieber à la chaire de paléontologie de l’Université de Zurich. En collaboration avec collègues spécialistes des poissons fossiles du début de l’Ere secondaire, il effectue une mission au Spitzberg en 2005 pour aider à la datation des couches fossilifères (Brinkmann et al., 2010) puis y retourne en 2017 avec les spécialistes en palynologie. La dernière mission date de 2020.

Hugo Bucher emballe et débite un bloc de calcaire stromatolitique très ancien pour le Musée
Hugo Bucher emballe et débite un bloc de calcaire stromatolitique très ancien pour le Musée.

Sur les traces du professeur R. Trümpy, Hugo Bucher obtient un financement pour l’étude des séries sédimentaires du début du Trias au Groenland et à l’occasion de faire cinq missions de terrain, de 2009 à 2012 dans la région du Kap Stosch et en 2019 dans la région d’Oksedal . Les premiers résultats concernent surtout la palynologie du début du Trias et des corrélations avec les couches du même âge, de part et d’autre de l’Atlantique, ainsi que l’analyse haute résolution des isotopes du Carbone organique (Sanson-Barrera et al., 2015; Schneebeli-Hermann et al., 2017) . D’autres résultats sont attendus sur la paléontologie et la géochimie du début du Trias dans de nouvelles coupes de la côte Est du Groenland.

Hugo Bucher avec sa tente de mess; Sur les shales permiens du plateau, au-dessus de Kap Stosch.

C’est dans le cadre d’un vaste programme de recherches multidisciplinaire -Sinergia, supporté par le Fonds national suisse de la recherche scientifique avec les Universités de Lausanne, Genève et Zurich qu’Hugo Bucher a eu la possibilité unique de pouvoir organiser au Spitzberg une mission d’étude des sédiments marins fossilifères agés de plus de 247 millions d’années au mois d’août 2020 avec Franziska Blattmann, doctorante en géochimie de l’Université de Lausanne. Ils ont pu ramener une importante collection d’échantillons qui seront analysés à partir de cet automne 2020 dans les laboratoires de géochimie du bâtiment de Geopolis de l’Université de Lausanne.

Quant au professeur Samuel Jaccard de l’Institut des Sciences de la terre de l’Université de Lausanne, il participe avec un groupe d’étudiants au nouveau projet « Green Fjord », de l’Institut Polaire Suisse, consacré à l’étude des paléoenvironnements et changement climatique de cette région du sud du Groenland (2022-2026).

Camp établi sur un plateau graveleux du Stensiøfjellet, Spitzberg, le 6 août 2020
Terrains étudiés et échantillonnés du Stensiøfjellet au Spitzberg
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